Epitrix cucumeris, Epitrix papa, Epitrix subcrinita et Epitrix tuberis - Altises de la pomme de terre - Epitrix spp.

L'altise de la pomme de terre attaque surtout la pomme de terre, mais aussi le concombre, l'aubergine, le poivron, la tomate et d'autres plantes comme la stramoine, le tabac, le grand pétunia blanc, la cerise de terre et le doux-amer.

Description

L'altise adulte est petite, car elle mesure 1,7 mm de long et 1 mm de large. Elle est noire, mais ses pattes et ses antennes sont brunes. L'altise saute beaucoup, particulièrement lorsqu'elle est dérangée, mais elle ne vole pas. Elle se tient sur toutes les parties aériennes du plant de pomme de terre et à la surface du sol. Elle se nourrit sur le dessus et l'envers des feuilles, mais principalement sur le dessus. La larve est un ver blanc et grêle qui porte une tête brun foncé et des pattes minuscules. Les vers mesurent environ 5 mm de longueur lorsqu'ils ont atteint leur plein développement, et ils se tiennent généralement autour des racines des pommes de terre. Les larves pénètrent parfois dans les tubercules et laissent de petits boutons ou creux au lieu de pénétration, et les galeries qu'elles creusent sont remplies de tissu liégeux.

Cycle évolutif

Cette espèce a une seule génération par année. Les altises adultes passent l'hiver à la surface du sol, parmi les déchets ou les broussailles qui se trouvent à l'intérieur ou à proximité du champ de pommes de terre où elles s'étaient alimentées l'été précédent. Les insectes adultes envahissent les champs de pommes de terre au printemps, où ils se nourrissent des feuilles et des plants de pomme de terre qui viennent de lever. Avant cette levée, ils se nourrissent de mauvaises herbes ou de plants spontanés. Les femelles adultes qui ont hiverné pondent leurs oeufs autour des plants de pomme de terre, et elles meurent par la suite. En général, toutes les altises adultes qui ont hiverné sont mortes à la première floraison des plants de pomme de terre.

Les larves éclosent environ une semaine après la ponte, et elles se nourrissent principalement des fines racines des plants de pomme de terre; elles mettent de 4 à 5 semaines pour atteindre leur plein développement, et elles débutent ensuite la pupe dans le sol. Les altises adultes émergent environ sept jours plus tard, généralement à la fin de juillet ou en août, et elles se nourrissent sur les feuilles des plants de pomme de terre. La population d'altises adultes augmente rapidement durant la levée, jusqu'à un maximum en août. L'alimentation se poursuit sur les feuilles de pommes de terre jusqu'au moment où les adultes intègrent leurs lieux d'hivernage.

Dommages aux cultures

Les dégâts causés par l'altise en s'alimentant réduisent la quantité et la qualité des tubercules lorsque les insectes adultes se nourrissent des feuilles de pommes de terre au printemps et à la fin de l'été ou lorsque les larves se nourrissent sur les tubercules ou sur les racines; l'altise peut également transmettre des agents pathogènes aux plants. Les feuilles attaquées sont percées de petits trous de 0,1 à 5 mm de diamètre, et elles ont bientôt l'apparence de feuilles criblées de trous lorsque la population d'altises est élevée. Les dégâts causés directement aux tubercules sont mineurs, et ils sont généralement éliminés à l'épluchage.

Les dommages causés par l'insecte adulte au début de la saison ne sont pas jugés importants en général, probablement à cause de l'effet destructeur des pesticides utilisés contre le doryphore de la pomme de terre. L'altise adulte peut causer d’importants dégâts à la fin de l'été dans les cultures de pommes de terre qui ne reçoivent pas de traitements insecticides.

Il arrive parfois que la lutte contre cet insecte soit vraiment rentable dans certaines parties des Maritimes. Les maladies pouvant être transmises par l'insecte sont notamment la flétrissure verticillienne, la flétrissure fusarienne, la rhizoctonie et la gale commune.

Lutte Antiparasitaire

Dépistage — Les grandes populations d'altises présentes en fin de saison peuvent réduire le rendement de certaines variétés.

Pratiques culturales — Cette espèce semble plus abondante dans les parties du champ de pommes de terre adjacentes aux zones non cultivées. La végétation permet aux altises de se nourrir à ces endroits, en plus de retenir la neige et de fournir à l'insecte qui hiverne une protection contre les froids rigoureux qui favorise sa survie. Comme l'altise ne vole pas, on peut réduire les populations en séparant les zones non cultivées et les champs de pommes de terre. L'élimination des plants spontanés de pomme de terre et d'autres plantes hôtes peut aussi priver les altises de nourriture au printemps et les faire mourir avant la levée des plants de pomme de terre.

Variétés résistantes — La vigueur de certaines variétés leur permet probablement de tolérer des dégâts plus importants.

Lutte chimique — Des insecticides sont appliqués sur les cultures de pommes de terre pour combattre d'autres insectes nuisibles et, comme ils sont également efficaces contre l'altise, il est rarement nécessaire d'appliquer d'autres mesures antiparasitaires contre cet insecte. Les produits recommandés pour combattre les nouveaux adultes doivent être appliqués environ deux semaines après l'apparition des premières altises adultes.

En Suisse et dans l’Union européenne, Epitrix cucumeris, E. papa, E. subcrinita et E. tuberis sont considérés comme des organismes de quarantaine potentiels et figurent à ce titre dans l’ordonnance de l’OFAG sur les mesures phytosanitaires pour l’agriculture et l’horticulture productrice. Tout cas suspect doit être annoncé sans délai au service phytosanitaire cantonal. Cette fiche technique décrit les altises de la pomme de terre et traite également des dégâts qu’elles occasionnent ainsi que des mesures préventives.

  1. Origine et propagation. Les altises dont il est question dans cette fiche technique appartiennent au genre Epitrix. On en compte environ 180 espèces à l’échelle mondiale. Certaines d'entre elles sont classées comme ravageurs graves des plantes cultivées. Les espèces Epitrix cucumeris, E. papa, E. subcrinita et E. tuberis sont regroupées sous l’appellation d’altises de la pomme de terre, cette dernière étant la plante-hôte principale. Elles peuvent cependant se nourrir d’autres plantes. À l’exception d’E. papa dont la provenance est inconnue, les altises de la pomme de terre sont originaires d’Amérique du Nord. Certaines sont également répandues en Amérique centrale et du Sud. Le continent nord-américain compte également d’autres espèces d’altises de la pomme de terre qui ne sont pas traitées dans cette fiche. En outre, neuf autres espèces d'altises du genre Epitrix sont connues en Europe et sur le pourtour méditerranéen mais qui n’occasionnent pas de dégâts aux pommes de terre. Comme les altises sont difficiles à distinguer d’un point de vue taxonomique, il n’est pas toujours évident de savoir quelle espèce est responsable de quels dégâts. En Amérique du Nord, on estime que c’est E. tuberis qui est la principale responsable de dégâts économiques aux pommes de terre. En Europe, des dégâts inédits sur tubercules de pomme de terre étaient constatés pour la première fois en 2004 au Portugal. Les symptômes différaient de ceux occasionnés par les altises de la pomme de terre en Amérique du Nord. C’est pourquoi, il n’était pas possible de les attribuer avec certitude à un ravageur précis. En 2008, des exportations de pomme de terre du Portugal vers d’autres pays étaient refoulées en raison des dégâts qu’elles présentaient. La même année, deux espèces d’altises de la pomme de terre, E. cucumeris et E. similaris étaient identifiées au Portugal. Étonnamment, E. similaris a occasionné des dégâts sur tubercules de pommes de terre, alors qu’en Amérique du Nord cette espèce n’en provoque pas. Il a fallu attendre 2015 pour qu’une scientifique établisse que le ravageur n’était en fait pas E. similaris, mais une espèce jusqu’alors inconnue qui a été nommée Epitrix papa. Depuis, toutes les régions de production de pomme de terre du Portugal sont considérées comme zones contaminées; les deux espèces (E. cucumeris et E. papa) se sont également propagées en Espagne.
  2. Biologie et description. Les adultes de ces différentes espèces d’altises de la pomme de terre mesurent de 1,5 à 2,0 mm et sont de couleur noire. Les pattes postérieures sont très développées et façonnées pour le saut ; ces coléoptères peuvent ainsi sauter comme les puces. Leurs antennes et leurs pattes sont brunes à rougeâtres, parfois jaunâtres (fig. 1).

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Figure 1 : vues a) de dos et b) de profil de E. cucumeris.

Selon l’espèce et les facteurs environnementaux (offre alimentaire, conditions climatiques), les altises de la pomme de terre produisent une à deux générations par année. Les coléoptères adultes passent l’hiver dans le sol à une profondeur de 20 à 30 cm (diapause). D’avril à début juillet, ils quittent les quartiers d’hiver et s’alimentent sur le feuillage des pommes de terre. Ils s’accouplent après quelques jours et commencent à pondre. Sur une période d’un à deux mois, les femelles pondent jusqu’à 200 œufs qu’elles déposent dans la terre par petits groupes au pied de la plante-hôte. Les œufs sont ovales (0,5 x 0,2 mm) et blanchâtres. Après quelques jours, les larves éclosent et commencent à dévorer, selon l’espèce, les racines ou les tubercules de pomme de terre. Elles passent ensuite par plusieurs stades larvaires jusqu’à atteindre une taille de 5,3 mm. Les larves sont de couleur blanc crème avec une tête brune (fig. 2a). Après deux à quatre semaines, elles se nymphosent. Les pupes sont uniformément blanches et ressemblent morphologiquement plus aux coléoptères adultes qu’aux larves (fig. 2b et 2c). La première génération éclot de juillet à septembre et, lorsque les conditions sont favorables, une deuxième génération peut se développer jusqu’en novembre.

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Figure 2 : a) Larve d’altise de la pomme de terre, b) et c) pupes d’altise de la pomme de terre.

  1. Dégâts. Ce sont principalement les larves de E. tuberis (Amérique du Nord) et E. papa (Portugal) qui sont responsables de pertes économiques. Les larves des autres espèces s’alimentent plutôt sur les racines que sur les tubercules. E. tuberis s’enfonce dans les tubercules jusqu’à 1,5 cm de profondeur et provoque ainsi des dommages assez conséquents. Les dégâts occasionnés par E. papa au Portugal sont situés principalement à la surface des tubercules (cicatrices sinueuses signalant les galeries des larves; fig. 3). Les pommes de terre sont ainsi difficilement – voire plus du tout – commercialisables, ce qui entraîne des pertes économiques considérables. Les coléoptères adultes s’attaquent aux parties aériennes de la plante, laissant des criblures caractéristiques (1,0 – 1,5 mm de diamètre) dans le feuillage (fig. 4). Celles-ci affaiblissent la plante et entraînent des baisses de rendement. Le champignon Rhizoctonia solani et le ver fil de fer provoquent des dégâts comparables à ceux des altises aux tubercules de pomme de terre. Les trous causés par le champignon sont cependant plus gros (3,0 à 6,0 mm de diamètre), ils sont entourés d’un anneau brun et leur centre est nécrosé («drycore»). Les vers fil de fer forent des galeries circulaires, bien délimitées, de 2,0 à 3,0 mm de diamètre dans les tubercules.

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Figure 3 : Dégâts provoqués par des larves d’altise de la pomme de terre sur un tubercule de pomme de terre.

  1. Prévention et mesures de lutte Il est très important que les altises de la pomme de terre ne soient pas introduites en Suisse et ne s’y établissent pas, car une fois installées, il sera pratiquement impossible de les éliminer. La terre adhérant aux tubercules de pommes de terre représente le principal risque de propagation. En effet, sitôt les pommes de terre récoltées, les larves quittent les tubercules. Elles sont donc transportées non pas à l’intérieur des tubercules mais avec la terre qui y adhère. Celle-ci peut renfermer aussi bien des pupes que des insectes adultes en diapause. Les pommes de terre provenant de zones de cultures contaminées doivent donc être lavées ou brossées, de façon à ce qu’il ne reste au maximum que 0,1 % de terre sur les tubercules. Comme les plants de pomme de terre sont replantés, ils représentent un risque plus important de propagation que les pommes de terre de consommation. Les altises de la pomme de terre peuvent voler et donc se propager localement. On ignore cependant à quelle distance et avec quelle rapidité elles se déplacent à partir d’un foyer d’infection.

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Figure 4 : Dégâts causés au feuillage par l’altise de la pomme de la terre.

Afin d’identifier le plus précocement possible une contamination, les plants de pomme de terre doivent être contrôlés régulièrement durant la période de végétation, afin d’y déceler d’éventuels symptômes foliaires ou des coléoptères adultes. Il est également important de contrôler s’il y a des symptômes sur les récoltes de pomme de terre indigène dans les Centres collecteurs. Les importations en provenance de pays tiers qui ne sont pas contrôlées dans un point d’entrée d’un pays membre de l’Union européenne, de même que celles provenant d’Espagne ou du Portugal, font également l’objet de contrôles. D’autre part, il est strictement interdit aux personnes privées d’importer en Suisse des pommes de terre provenant d’autres pays que ceux de l’Union européenne, la Norvège et l’Islande. La rotation des cultures aide quant à elle à prévenir l’établissement du ravageur. En cas d’infestation, un périmètre de sécurité est défini (foyer d’infection et zone tampon de 500 m). Dans les régions où l’altise de la pomme de terre s’est établie, les insecticides sont un des moyens de lutte. Des expériences nord-américaines ont toutefois révélé que l’altise de la pomme de terre peut devenir rapidement résistante aux insecticides, ce qui montre bien les limites de la lutte chimique et l’importance d’une prévention efficace.

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