Pline le Jeune
Pline le Jeune est né en 61 ou 62 après J.-C. à Novum Comum (aujourd'hui Côme) en Cisalpine. Il est adopté par son oncle maternel Pline l'Ancien sous le nom de Caius Plinius Lucius filius Oufentina tribu Caecilius Secundus . Pline est mort vers 113 probablement dans la province de Bithynie et Pont. C'est un sénateur et célèbre avocat romain des règnes de Titus à Trajan, proche de ce dernier, consul suffect en 100 et gouverneur impérial de la province de Bithynie et Pont entre 111 et 113. À l'instar de son oncle, le naturaliste Pline l'Ancien, il est resté célèbre principalement en raison de son travail littéraire qui a partiellement survécu, notamment sa fameuse correspondance.
Les Lettres de Pline sont un témoignage unique et important de la vie et de la pensée dans les cercles dirigeants de Rome sous les principats de Nerva et Trajan. S'ajoutent à cela certaines lettres décrivant des procès, donnant des informations sur certains personnages contemporains ou encore celles décrivant l'éruption du Vésuve. De plus, ses échanges avec l'empereur pendant sa légation en Pont-Bithynie sont une source historique de première main concernant une partie de l'administration provinciale romaine.
Pline le Jeune
Biographie
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Naissance
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Vers 61
Côme
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Décès
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Vers entre 113 et 114
Bithynie
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Époque
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Haut Empire romain
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Domiciles
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Villa Commedia, Lierna, lac de Côme
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Activités
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Écrivain, militaire, haut fonctionnaire, juriste, historien, poète, avocat, homme politique, fonctionnaire
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Père
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Inconnu ou Pline l'Ancien (père adoptif)
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Mère
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Plinia Marcella (d)
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Conjoints
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Environ fille de Pompeia Celerina (d) (environ jusqu'en 96)
Environ Calpurnia (environ à partir de 103)
Belle-fille de Veccius Proculus (d)
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Parentèle
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Pline l'Ancien (oncle)
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Gens
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Caecilii, Plinii
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Biographie
Le lac de Côme vu du Mont San Primo.
Famille et jeunesse
Il est né entre 61 et 62 à Novum Comum en Cisalpine (aujourd'hui Côme). Les Cisalpins sont les derniers Italiens à recevoir la citoyenneté romaine, et ce en l'an 49 av. J.-C. par décision de Jules César.
Son père se nomme Lucius Caecilius Caius filius Oufentina Secundus. Il appartient à l'ordre équestre. Sa mère appartient à la gens Plinia comme son oncle Pline l'Ancien . Elle se nomme sans doute Plinia puisqu'il est courant à Rome de donner comme prénom à sa fille le nom de sa gens. Sa famille appartient également à l'ordre équestre. Ainsi, les deux parents de Pline se marient dans leur ordre. La famille de Pline possède plusieurs domaines autour du lac de Côme (Lacus Larius). Pline aurait également une sœur nommée Caecilia probablement morte assez jeune (avant 79). Elle est mentionnée sur l'inscription qui permet aux historiens d'identifier le père de Pline.
Après la mort prématurée de son père, Pline l'Ancien, son oncle maternel, fut son mentor. Pline l'Ancien, en effet, était venu à un âge précoce à Rome et se trouvait en contact avec les grandes familles de la ville. Il se consacrait à l'étude de la philosophie stoïcienne, entre autres, et fit de fréquentes visites au jardin botanique d'un médecin grec, ce qui développa chez lui un intérêt durable pour les questions d'histoire naturelle. Après 52, il poursuivit des études approfondies et systématiques, écrivant plusieurs ouvrages, somme des connaissances de son temps, regroupés en 37 livres sous le titre Histoire Naturelle.
En parallèle, Pline l'Ancien mena une carrière politique bien remplie, étant conseiller personnel de l'empereur Vespasien et occupant divers postes importants dans l'administration provinciale au début des années 70. Il devint préfet de la flotte de la Méditerranée occidentale en 77. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il stationnait à Misène en 79, lors de l'éruption du Vésuve, où Pline le Jeune et sa mère l'accompagnèrent.
La maison d'Ombrie de Pline, reconstitution par Karl Friedrich Schinkel, 1842.
Pline le Jeune vécut d'abord à Côme puis fit ses études à Rome. Parmi ses maîtres, il y eut le célèbre professeur de rhétorique Quintilien.
Pline possédait des villas et domaines à Côme, autour du lac de Côme, une villa dans le Laurentinum, non loin de Rome, et une en Ombrie (villa de Pline le Jeune in Tuscis).
Mariages
Pline s’est marié deux fois de manière avérée. Il est possible qu’il se soit marié trois fois. Toutefois, son premier mariage est sujet à débat puisque nous n’avons pas beaucoup d’éléments qui le confirment. Pline en fait une brève allusion dans la lettre 2 du livre X :
« J’ai donc à mes yeux obtenu l’essentiel de mes vœux puisque, aux premiers moments de ton bienheureux principat, tu as montré que j’avais droit à une bienveillance spéciale de ta part ; et je n’en désire que davantage des enfants, moi qui ai voulu en avoir, même, dans le passé, à une époque si sombre, comme peuvent t’en convaincre mes deux mariages. »
— Pline le Jeune, Lettres, X, 2 – « A Trajan », traduction Hubert Zehnacker et Nicole Méthy, Paris, Les Belles Lettres, 2017.
Hormis cette mention de deux mariages sous le règne de Domitien, il existe un autre élément pouvant corroborer ce premier mariage plinien. En effet, dans la lettre 4 du livre II, Pline parle à Calvina (l’une de ses correspondantes) et dit qu’il a un devoir de parenté (adfinitatis officio) envers elle. Or, les liens adfinis (allié ou parent par alliance) se forment lors de relation matrimoniale. Ainsi, il est possible que Calvina appartienne à la famille de la première épouse de Pline 10. Ce dernier aurait conservé les liens qu’il a créés lors de son mariage après la mort de son épouse, comme c’est le cas avec son deuxième mariage (ou le premier avéré).
Ce premier mariage avéré de Pline est célébré avec une femme au nom probable de Venuleia (du nom de sa gens). Sa mère se nomme Pompeia Celerina. C’est une femme riche et assez proche de Pline (une autre de ses correspondantes). Venuleia meurt probablement avant 96.
Pour son deuxième mariage connu, Pline épouse une femme nommée Calpurnia. Elle est la petite-fille d’un notable de la cité de Côme : Calpurnius Fabatus. Calpurnia et Pline se marie vers 103-104. Calpurnia fait une fausse couche vers 107.
Pline n’a jamais eu d’enfants de ses mariages.
Témoin de l'éruption du Vésuve
Vue d'artiste représentant l'éruption plinienne du Vésuve. Dessin de George Poulett Scrope, 1822.
Fin octobre 79, Pline le Jeune est un témoin direct de l'éruption du Vésuve, qu'il décrit près de vingt-cinq ans plus tard à Tacite dans deux lettres à sa demande :
« Un nuage sortait de la montagne ; il était difficile, à regarder de loin, de savoir laquelle (on apprit par la suite qu’il s’agissait du Vésuve) ; il ressemblait à un arbre et sa forme imitait plus que toute autre celle d’un pin. »
— Pline le Jeune, Lettres, VI, 16 – « A Tacite », traduction Hubert Zehnacker et Nicole Méthy, Paris, Les Belles Lettres, 2011.
Pline l'Ancien décède lors de cette catastrophe en menant les tentatives d'évacuation par la mer des populations de la baie de Naples menacées par l'éruption. Partant à bord d'un rapide navire d'abord par curiosité scientifique face à cette démonstration de la nature, il tente ensuite de secourir les populations et meurt d'asphyxie.
« En grand homme de science qu’il était, il jugea la chose importante et digne d’être examinée de plus près. Il fait appareiller un navire léger. Il m’offre, au cas où je le voudrais, la possibilité de l’accompagner ; je lui répondis que je préférais étudier […]. Il fait mettre à la mer des quadrirèmes, monte lui-même à bord, avec l’intention de porter secours non seulement à Rectina [qui l’appelle à l’aide] mais à beaucoup d’autres […]. Il gagne à la hâte un lieu dont les autres s’enfuient, maintient droit le cap et droit le gouvernail en direction du danger, ignorant à ce point la crainte que tous les mouvements de ce fléau, toutes ses formes étaient consignées par écrit sous sa dictée à mesure qu’il les saisissait du regard. »
— Pline le Jeune, Lettres, VI, 16 – « A Tacite », traduction Hubert Zehnacker et Nicole Méthy, Paris, Les Belles Lettres, 2011.
Pline le Jeune donne l'image idéale d'un sage et d'un stoïcien, rendant hommage à son oncle. La peur est guidée par la raison, et Pline l'Ancien obéit au sens du devoir et à la solidarité humaine jusqu'à la mort.
« Or c’est grâce au vent, qui, au même moment, lui était très favorable, qu’arrive mon oncle [à Stabies]. Il embrasse Pomponianus tout tremblant, le réconforte, l’encourage et, pour calmer sa crainte par sa propre tranquillité, il demande à être porté au bain ; après sa toilette, il se met à table et dîne avec gaieté ou, ce qui a autant de grandeur, avec une apparence de gaieté. […] Puis il alla dormir et dormit d’un sommeil sans doute tout à fait réel. […] On le réveille. […] On décide de sortir sur le rivage et de voir de près si la mer permettait à ce moment de tenter quelque chose. […] Appuyés sur deux jeunes esclaves, il se releva et retomba aussitôt, parce que – c’est la conclusion que j’en tire – une fumée trop épaisse avait coupé sa respiration et obstruée sa poitrine, qu’il avait naturellement faible, étroite, et souvent oppressée. […] Pendant ce temps, à Misène, moi-même, avec ma mère… »
— Pline le Jeune, Lettres, VI, 16 – « A Tacite », traduction Hubert Zehnacker et Nicole Méthy, Paris, Les Belles Lettres, 2011.
Il rapporte aussi, pour la postérité, ses propres observations et réactions lors de cette catastrophe.
« Après le départ de mon oncle, je consacrai la suite de la journée au travail […] ce furent ensuite le bain, le dîner, un sommeil agité et court. […] Voici que vient un ami de mon oncle. […] En nous voyant assis ma mère et moi, et, qui plus est, moi en train de lire, il nous fait de vifs reproches, à elle pour son inertie, à moi pour mon insouciance. […] C’est alors seulement [au lever du jour] que fut prise la décision de sortir de la ville. […] Et peu après le nuage se met à descendre sur la terre, à couvrir la mer. […] Alors ma mère se met à me supplier, à m’exhorter, à m’ordonner de m’enfuir par n’importe quel moyen ; c’était possible pour un jeune homme ; elle, alourdie par son âge et sa corpulence, aurait une mort douce si elle n’était pas la cause de ma mort. Je lui réplique que je ne serai sauvé qu’avec elle. Puis, la prenant par la main, je la force à presser le pas. Elle obéit à regret et s’accuse de me retarder. […] Un épais brouillard nous menaçait par derrière et nous suivait, se répandant sur le sol à la façon d’un torrent. […] A peine nous étions-nous assis que ce fut la nuit ; elle ne ressemblait pas à une nuit sans lune et nuageuse, mais à celle des pièces closes une fois la lumière éteinte. […] Je pourrais me vanter de n’avoir laissé échapper, au milieu de tels dangers, ni un gémissement ni une parole manquant de courage. »
— Pline le Jeune, Lettres, VI, 20 – « A Tacite », traduction Hubert Zehnacker et Nicole Méthy, Paris, Les Belles Lettres, 2011.
Buste de l'empereur Domitien (81 - 96).
Vie publique
Comme Pline l'Ancien, dans son testament, a adopté son neveu , Pline le Jeune prend le nom de Caius Plinius Lucius filius Oufentina tribu Caecilius Secundus, et hérite des biens et de la clientèle de son défunt oncle, ainsi qu'un accès aux cercles familiaux et dirigeants de l'Empire. De plus, son père naturel, avant de mourir, l'a recommandé à Rufus, alors double consul de 65 ans, qui a refusé de prendre la pourpre offerte par ses soldats par deux fois pendant l'année des quatre empereurs. Ce dernier est un soutien infaillible pendant la carrière de Pline le Jeune, jusqu'à ce qu'il meure en 97, pendant son troisième consulat. Il a aussi pour soutiens les consulaires Quintus Corellius Rufus, Titus Avidius Quietus, Titus Vestricius Spurinna et Frontin.
Les postes que Pline le Jeune a occupés pendant son cursus honorum sont difficilement datable. Nous les connaissons grâce aux lettres pliniennes et à une inscription retrouvée dans la cité de Côme .
Sous Titus, vers 80, Pline apparaît déjà comme un orateur à la Curie plaidant devant les Cent Juges.
Buste de l'empereur Nerva (96 - 98).
Au début du principat de Domitien, il occupe le poste de decemvir stlitibus iudicandis, c'est-à-dire « un des dix chargé de régler les différends d’état civil »13. C'est un poste du vigintivirat qui correspond au début d'une carrière sénatoriale.
Il est tribun militaire en Syrie vers 82 dans la legio III Gallica : il en profite pour approfondir son éducation philosophique auprès des maîtres grecs qui enseignaient dans ce pays, Euphratès et Artémidore auquel il va étroitement s'attacher. Après son service militaire, il retourne à Rome et reçoit la charge de seuir equitum Romanorum, une charge qui consiste à participer à la préparation des jeux annuels en aidant notamment financièrement .
Il est ensuite questeur candidat de l’empereur, lui assurant son élection, vers 88, tribun de la plèbe vers 92 et préteur l'année suivante.
En 94, il est praefectus aerarii militaris pour un mandat de deux ans, jusqu'à la fin du règne de Domitien. Il s'occupe de l'administration du trésor militaire et des pensions versées aux anciens légionnaires.
Au début du règne de Trajan, il devient praefectus aerarii Saturni pour un mandat qui s'étend de janvier 98 à août 100, c'est-à-dire responsable du Trésor conservé dans le temple de Saturne.
En 100, il est nommé consul suffect, aux côtés de Caius Iulius Cornutus Tertullus. Pline prononce à cette occasion devant le Sénat la gratiarum actio, discours pour remercier l’empereur de l’avoir choisi, ce qui est la règle depuis l’époque augustéenne. Ce texte, ensuite réécrit et augmenté, est connu sous le nom de Panégyrique de Trajan.
Vers 103-104, il demande à Trajan de lui permettre d'accéder à l'augurat. L'empereur répond favorablement à sa demande. Pline devient ainsi augure. Il remplace Frontin (décédé).
Buste de l'empereur Trajan (98 - 117).
Vers 104, il est responsable, comme curator alvei Tiberis et riparum et cloacarum urbis, de la supervision des égouts de Rome et du niveau d'eau du Tibre.
Enfin, entre 111 et 113, l'empereur lui donne des pouvoirs spéciaux et lui confie la province de Bithynie et Pont avec le titre de « legatus pro praetore provinciae Ponti et Bithyniae consulari potestate ». Il est l’équivalent d'un légat extraordinaire de l’empereur, doté de surcroît du titre officiel de proconsul investi, par une faveur spéciale, de la puissance consulaire, consulari potestate.
Pline est probablement mort dans la province de Bithynie et Pont vers 113 .
Pline semble assez proche de Trajan comme le laisse suggérer leur correspondance et les titres que l'empereur lui octroie.