Théophraste.

Théophraste

Théophraste (en grec ancien Θεόφραστος / Theóphrastos) est un philosophe de la Grèce antique né vers 372 av. J.-C. à Eresós1 (Lesbos) et mort vers 288 av. J.-C. à Athènes. Élève d’Aristote, il est le premier scholarque du Lycée, de 322 à sa mort ; botaniste et naturalistepolygraphe ou encore alchimiste.

Selon Théophraste, l’ambition légitime du savant est de parvenir, malgré les obstacles et les difficultés, à énoncer les causes de ce qu’il constate et analyse, à quoi il ne parvient qu’en manifestant à l'égard des théories générales une attitude critique qui le conduit à accumuler les observations, recourir à l’analogie et construire de nouvelles hypothèses, si c’est pertinent ; l’aporie dans l’utilisation d’une théorie impose la recherche. Il faut exhorter les hommes à acquérir plutôt de la science qu'à compter sur les richesses. Il est typique de Théophraste de retrouver plusieurs explications, et de tenter de distinguer les circonstances dans lesquelles elles ont été élaborées.

L’importance qu'il accorde à l'observation directe et à la description précise et rigoureuse marque une rupture avec les auteurs qui, avant lui, avaient étudié les plantes. Pour Théophraste, c'est l'apanage du savant de n’être pas un étranger hors de sa patrie, de ne point manquer de personnes qui l’aiment après avoir perdu ses amis, d'être citoyen dans toutes les villes du monde, de braver et de mépriser les revers de la fortune.

Épicure et Léontion avaient tous, d’après Cicéron et Plutarque, écrit un ouvrage intitulé Contre Théophraste ; celui d’Épicure comptait quatre livres. Le géographe Dicéarque a adressé certains de ses ouvrages, certaines de ses cartes et leurs explications à l’attention de Théophraste.

Théophraste (Θεόφραστος)

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Statue de Théophraste dans le jardin botanique de Palerme.

Naissance

371 av. J.-C.
Lesbos

Décès

288 av. J.-C.
Athènes

Formation

École péripatéticienne

École/tradition

Aristotélismepéripatétisme

Principaux intérêts

Métaphysiquebotaniquescience de la naturerhétoriquephysique

Œuvres principales

Les Caractères

Influencé par

AristotePlaton

A influencé

MénandreJean de La Bruyère

Adjectifs dérivés

théophrastéen

Biographie

Fils du foulon Mélantas, de Lesbos, il naquit le 5 de Hécatombeion dans la102e Olympiade, sous le nom de Tyrtamos (en grec ancien Τύρταμος)8 ; c’est Aristote qui le surnomma « Théophrastos »[réf. nécessaire], littéralement « divin parleur ».

Diogène Laërce affirme que Théophraste a été disciple de Platon9,10. Selon l’historien de la philosophie et philologue Werner Jaeger, il est possible mais peu vraisemblable qu'il ait suivi les cours de Platon à Athènes ; il est plus probable que, venant de Lesbos, il ait rejoint Aristote et d’autres membres de l’Académie à Assos, où ce dernier s’était installé auprès d’Hermias en 347 av. J.-C..

Théophraste se lie d’amitié avec Callisthène, à qui il dédiera son Callisthène. Dans son île natale, il combat la tyrannie locale et parvient, avec son compatriote Phidias, à en débarrasser Érèse C’est probablement sous son influence qu’Aristote quitte Assos pour s’installer à Mytilène dans l’île de Lesbos, où il enseigne jusqu’en 344/34314.

L’école péripatéticienne, comme association légale reconnue par la cité, a été fondée non par Aristote qui était métèque, mais par Théophraste, lequel, quoique métèque lui aussi, parvint à obtenir de Démétrios de Phalère une dérogation. C'est à Théophraste qu'Aristote légua ses biens dans un testament que l’on possède encore. L’école devient alors une association cultuelle. Après la bataille de Chéronée, Théophraste revient à Athènes ; Aristote y a déjà ouvert son école au Lycée et Théophraste y suit les cours de son ancien condisciple, à qui il succède en 322 av. J.-C. lorsqu’Aristote part pour Chalcis.

En 317 av. J.-C., le philosophe Démétrios de Phalère gouverne Athènes et concède à Théophraste, dont il fut l’élève, le droit de posséder des biens immobiliers, bien qu’il fût métèque comme son prédécesseur. Théophraste achète un jardin où il organise l’école aristotélicienne sur le modèle de celle de Platon, fondation qui a pour but la concrétisation de la vie contemplative et spéculative : outre un sanctuaire des Muses, le jardin comprend un grand portique avec des cartes géographiques en pierre et plusieurs salles de cours. En 307 av. J.-C., Athènes est prise par Démétrios Poliorcète pendant près de trois ans, et la chute de Démétrios de Phalère entraîne la persécution des philosophes : les écoles de philosophie sont visées par une loi d’un certain Sophocle de Sounion interdisant aux philosophes de tenir école sans le consentement du peuple et de la Boulè, sous peine de mort. Théophraste et tous les philosophes s’exilent volontairement. Cette loi, défendue par Démocharès, le neveu de Démosthène, est abrogée l’année suivante à l’initiative de Philon, ancien élève d’Aristote : les philosophes reviennent à Athènes et Sophocle doit payer une amende de cinq talents.

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Aristote, Théophraste, et Straton de Lampsaque.

Rappelé et rétabli dans ses fonctions en 316 av. J.-C., Théophraste revient à Athènes, où il vit dès lors, entouré de nombreux disciples. Son œuvre considérable compterait, selon Diogène Laërce (V, 50), 300 livres totalisant 232 850 lignes.

Mort

À sa mort, Théophraste lègue par testament le jardin de son école en ces termes : « Je donne le jardin, la promenade et toutes les maisons attenantes au jardin à ceux, parmi les amis dont la liste suit, qui s'engagent à y étudier et philosopher ensemble de façon permanente — sachant bien qu'il n'est pas possible à tous les hommes d'avoir un séjour permanent — sans qu'aucun d'entre eux les aliène ni se les approprie, mais comme si c'était un temple qu'ils possédaient en commun, et en se comportant dans leurs relations mutuelles à la façon de parents et d'amis, comme il est convenable et juste qu'ils le fassent. ». Il se fait ensevelir dans un coin de ce jardin où est élevé un monument funéraire.

Disciples

À la tête du Lycée, Théophraste eut, selon la tradition, plus de deux mille élèves, parmi lesquels on peut mentionner Straton de Lampsaque, qu’il choisit pour successeur ; Aristoxène de Tarente, qui alla jusqu’à l’insulter lorsque son maître lui préféra Straton pour successeur; Nélée de Scepsis, fils du disciple de Socrate Coriscos ; Nicomaque, fils d’Aristote ; Proclès ainsi que Démarate, dont la mère est Pythias, la fille d’Aristote. On mentionnera aussi les noms de Ménandre et Bion de Borysthène. Par ailleurs, un de ses esclaves, du nom de Pompyle, devint un philosophe péripatéticien distingué. Il fut affranchi et fit partie des légataires du testament de Théophraste.

Ménandre fondait ses comédies sur une caractérologie héritée de Théophraste. Certains titres de Ménandre correspondent aux Caractères de Théophraste : Apistos (Le Méfiant) ; Le Dyscolos (Le Bourru). Le poète latin Virgile s'est également inspiré de Théophraste, ainsi que de Lucrèce. Plutarque a écrit que le philosophe stoïcien Zénon de Cition lui dit, devant la foule d’élèves de Théophraste, que celui-ci avait « un chœur plus nombreux que le sien, mais moins harmonieux ».

Personnalité de Théophraste

Théophraste louait l’hospitalité ; Hermippe de Smyrne dit de lui qu'il se frottait d'huile et s'exerçait avant de donner cours, que lorsqu'il s'était assis et avait commencé à parler, il adaptait à ses discours tous ses mouvements, tous ses gestes.

Végétarisme

Théophraste était probablement végétarien de Théophraste procède de la pitié et d'une recherche de justice. Selon Théophraste, si une oïkéiosis nous unit aux autres hommes, nous pensons qu'il faut punir, voire éliminer, tous ceux que leur nature particulière pousse à nuire à ceux qu'ils rencontrent ; pareillement nous pensons avoir le droit de supprimer, parmi les animaux privés de raison, ceux qui nous semblent être par nature injustes et malfaisants, et ainsi poussés par leur nature pousse à nuire aux autres. Théophraste relève également que certains animaux ne commettent pas d’injustices, car leur nature ne les pousse pas à nuire, et ceux-là, il juge injuste de les éliminer et de les tuer, tout comme il est injuste de tuer des hommes qui sont comme eux. Cela semble révéler qu’il n’y a pas qu’une forme de droit entre nous et les autres animaux, puisque parmi ces derniers les uns sont nuisibles et malfaisants par nature, et les autres non — tout comme parmi les hommes.

Accusations

Il fut accusé d’impiété par le politicien Agnonidès, membre du parti anti-macédonien et sycophante, puis par Sophocle qui lui reprocha d'avoir déclaré que « la vie est gouvernée par la fortune, non la sagesse » ; mais le peuple d'Athènes estimait tellement Théophraste qu'il se retourna contre son accusateur. Devant l'Aréopage, il ne parvint pourtant pas à se défendre et demeura coi : d’après Claude Élien, l'assemblée semblait lui être favorable, mais Théophraste expliqua que l'auguste assemblée devant laquelle il se trouvait le troublait; à quoi Démocharès lui rétorqua : « Théophraste, cette assemblée est composée d’Athéniens, non des douze grands dieux »39. Dans son Éloge de la FolieÉrasme évoque ce silence dans des circonstances aussi favorables.

Sur la fortune

Dans son Callisthène, Théophraste parle de la fortune, faisant référence au principe métaphysique de la tyché, nécessité transcendantale qui oriente les évènements dans le sens d’une finalité prédéterminée. Pour lui, la fortune est aveugle, incroyablement prompte à nous ôter le fruit de notre peine et à bouleverser ce qui nous semble être la prospérité.

Date de dernière mise à jour : 12/08/2023

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