Pline l'Ancien.

Pline l'Ancien

Pline l’Ancien (en latin Caius Plinius Secundus), né en 23 apr. J.-C. à Novum Comum (l'actuelle Côme) dans le nord de l'Italie (en Gaule transpadane) et mort en 79, à Stabies (en latin : Stabia), près de Pompéi, lors de l'éruption du Vésuve, est un écrivain et naturaliste romain du ier siècle.

Il est l'auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (Naturalis Historia), publiée vers 77. Comptant trente-sept volumes, il s'agit du seul ouvrage de Pline l'Ancien qui soit parvenu jusqu'à nous. Ce document a longtemps été la référence en sciences et en techniques. Pline a rassemblé le savoir de son époque sur des sujets aussi variés que les sciences naturelles, l'astronomie, l'anthropologie, la psychologie ou la métallurgie.

Il adopta son neveu, qui prit le nom de Caius Plinius Caecilius Secundus, Pline le Jeune, en 79 apr. J.-C.

Pline l'Ancien

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/87/Grande_Illustrazione_del_Lombardo_Veneto_Vol_3_Plinio_Secondo_300dpi.jpg/260px-Grande_Illustrazione_del_Lombardo_Veneto_Vol_3_Plinio_Secondo_300dpi.jpg

Fonctions

Procurateur

70-72

Préfet de la flotte

Biographie

Naissance

Entre 23 et 24
Novum Comum, l'actuelle 
Côme (Italie)

Décès

Traditionnellement fixé au 24 août 79 apr. J.-C.
Stabies

Nom dans la langue maternelle

Caius Plinius

Époque

Empire romain

Activités

Écrivainphilosophehistorien de l’artfonctionnairepoètenaturalistemilitairehistorien, commandant

Père

Caius Plinius Celer (d)

Mère

Marcella (d)

Fratrie

Plinia Marcella (d)

Enfant

Pline le Jeune

Parentèle

Pline le Jeune (neveu)

Gens

Plinii

Statut

Chevalier romain

Biographie

Lieu de naissance

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/80/Jean-Baptiste-Camille_Corot_-_Como_and_Lake_Como.jpg/220px-Jean-Baptiste-Camille_Corot_-_Como_and_Lake_Como.jpg

La ville et le lac de Côme, peint par Jean-Baptiste-Camille Corot, (1834).

Pline l'Ancien, chevalier romain, naquit sous le consulat d’Asinius Pollion et de Caius Antistius Vetus en 23 de l'ère chrétienne, soit l'an de Rome 776. Une incertitude persiste sur le lieu de sa naissance : Vérone, selon les uns, Côme (Novocomum), selon d'autres. Ce qui fait croire que Pline est de Vérone, c'est que des manuscrits portent en effet Plinius Veronensis, et que Pline lui-même, dans sa préface, appelle d'un mot militaire Catulle son pays (conterraneus) ; or Catulle était de Vérone. En faveur de Côme, on remarque qu'Eusèbe de Césarée, dans sa Chronique, joint au nom de Pline l'épithète de Novocomensis ; mais Eusèbe et les écrivains postérieurs ont longtemps confondu Pline l'auteur de l'Histoire naturelle et Pline le Jeune, son neveu, l'auteur des Lettres et du Panégyrique de Trajan. L'argument le plus considérable en faveur de Côme est le nombre d'inscriptions trouvées dans cette ville où le nom de Pline revient souvent : elles ne sont pas, il est vrai, relatives à notre Pline, mais du moins elles montrent qu'à Côme ce nom était commun, et l'on en tire la conclusion que notre auteur pouvait être aussi de cette ville ; mais ce point ne paraît pas avoir trouvé sa conclusion définitive.

On peut voir des statues des deux Pline, assis et revêtus de l'habit des érudits des années 1500, sur les côtés du portail en façade de la cathédrale Santa Maria Assunta de Côme.

Formation

Pline l'Ancien était membre de la classe sociale des chevaliers romains (equites) par sa mère, fille du sénateur Caius Caecilius de Novum Comum. Venu dans sa jeunesse de Côme à Rome, il fut mis à l'école des rhéteurs, selon la coutume, puis commença une carrière équestre, dans l'administration impériale. Avant 35, son père Caius Plinius Celer l'emmena à Rome, où il confia son éducation à un de ses amis, le poète et général Publius Pomponius Secundus. Pline y acquit le goût d'apprendre, qu'il conserva toute sa vie. Deux siècles après la mort des Gracques, le jeune homme put admirer certains de leurs manuscrits autographes, dans la bibliothèque de son maître. Il leur consacra plus tard une biographie. Pline mentionna les grammairiens et rhétoriciens Remmius Palaemon et Arellius Fuscus dans sa Naturalis historia, et fut sans doute leur élève. À Rome, il étudia la botanique au topiaire d'Antonius Castor et vit les anciens « arbres lotus » sur les terrains qui avaient appartenu auparavant à Crassus. Il put également contempler la vaste structure édifiée par Caligula et assista probablement au triomphe de Claude Ier sur la Bretagne, en 44 (III, 119). Sous l'influence de Sénèque, il devint un étudiant passionné de philosophie et de rhétorique et commença à exercer la fonction d'avocat.

Carrière militaire

Il servit en 47 comme militaire en Germanie sous les ordres de Cnaeus Domitius Corbulo : c'était un poste à l'état-major qui le plaçait sous les ordres directs du commandant de district. Officier du praetorium, il y retrouva le général Publius Pomponius Secundus, fin lettré. Il participa à la conquête romaine des Chauques, tribu germanique du littoral Nord-Ouest et à la construction du canal entre le Rhin et la Meuse. En tant que jeune commandant d'un corps de cavalerie (præfectus alae), il écrivit, dans ses quartiers d'hiver, un essai sur l'art de lancer le javelot à cheval (de jaculatione equestri).

Il séjourne en Gaule narbonnaise comme administrateur des finances impériales et recueille des observations locales sur les sujets les plus divers : les vents, l'hydrographie du Rhône, la flore et la faune, les productions agricoles, etc.. Il apprit la signification d'un certain nombre de mots celtiques. Il nota les sites associés à l'avancée romaine en Germanie, et les lieux des victoires de Drusus (Plin. Epp., III, 5, 4). Son rêve était de raconter l'histoire de toutes les guerres entre Romains et Germains. Il accompagna Pomponius, ami de son père, en expédition contre les Chattes (50) et visita la Germanie pour la troisième fois, en tant que compagnon du futur empereur Titus Flavius (Praef. § 3).

Préfet de la flotte de Misène, il assiste à l'éruption du Vésuve, qui touche Pompéi et cause sa propre mort alors qu'il fait l'observation de ce phénomène volcanique en tentant de porter secours à des amis; le récit en est fait par son neveu Pline le Jeune (Lettres 6, 16 et 20 [archive], adressées à l'historien Tacite).

Premiers travaux de recherche

Sous Néron, il vécut principalement à Rome. Il mentionna la carte d'Arménie et les abords de la mer Caspienne qui fut cédée à Rome par le personnel de Corbulo en 59 (VI, 40). Il assista aussi à la construction de la Domus Aurea de Néron après le grand incendie de 64 (XXXVI, 111).

Entre-temps, il compléta les vingt livres de son « Histoire des guerres germaniques », seul ouvrage de référence cité dans les six premiers livres des Annales de Tacite (I, 69). Cet ouvrage fut probablement l'une des principales sources de renseignements sur la Germanie jusqu'aux écrits de Tacite. Au début du ve siècleSymmaque eut un petit espoir d’en retrouver une copie (Epp., XIV, 8).

Il consacra beaucoup de son temps à des sujets moins polémiques, comme la grammaire et la rhétorique. Studiosus, un travail détaillé sur la rhétorique, est suivi des huit livres de Dubii sermonis (67). Travaillant sans relâche, il se fait transporter en litière pour qu'un de ses esclaves lui lise des ouvrages et qu'il puisse dicter ses notes à un autre esclave secrétaire muni de tablettes enduites de cire.

Au service de l'État et de la science

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/15/Vesuvius_from_Pompeii.jpg/250px-Vesuvius_from_Pompeii.jpg

Le Vésuve vu de Pompéi.

Sous le règne de son ami Vespasien, il retourna au service de l'État comme procurateur en narbonnaise (70) et en Hispanie romaine (73). Il visita aussi la Gaule belgique (74). Durant son séjour en Espagne, il se familiarisa avec l'agriculture et les mines du pays, en plus de visiter l'Afrique (VII, 37). À son retour en Italie, il accepta une charge auprès de Vespasien, qui le consultait aux aurores avant de vaquer à ses occupations officielles. À la fin de son mandat, il consacra l'essentiel de son temps à ses études (Pun. Epp., III, 5, 9).

Il compléta une Histoire de son Temps en 31 livres, traitant du règne de Néron jusqu'à celui de Vespasien, qu'il voulait ne laisser paraître qu'après sa mort (N. H., Praef. 20). Cette œuvre, citée par Tacite (Ann., XIII, 20 ; XV, 53 ; Hist., III, 29), influença Suétone et Plutarque.

Pline termina presque son grand ouvrage Naturalis historia, une encyclopédie dans laquelle il collecta une grande partie du savoir de son époque, travail planifié sous la direction de Néron. Les informations qu'il collecta à cette fin ne remplissaient pas moins de 160 volumes en l'an 73, lorsque Larcius Licinus, le légat préteur d'Hispania Tarraconensis, essaya vainement de les acheter pour l'équivalent de plus de 200 000 £ (valeur estimée en 2002). Il dédia son œuvre à Titus Flavius en 77.

Le 24 août 79, date traditionnellement fixée pour l'éruption du Vésuve en 79 qui ensevelit Pompéi et Herculanum, il se trouvait à Misène, en tant que Préfet commandant la flotte militaire romaine, basée en cet endroit. Voulant observer le phénomène au plus près et désirant porter secours à quelques-uns de ses amis en difficulté sur les plages de la baie de Naples, il partit avec ses galères, traversant la baie jusqu'à Stabies (aujourd'hui Castellammare di Stabia) où il mourut, probablement asphyxié, à 56 ans. Son neveu écrivit : « Mon oncle se coucha sur un drap étendu, demanda de l'eau froide, et en but deux fois. Bientôt des flammes et une odeur de soufre qui en annonçait l'approche mirent tout le monde en fuite et forcèrent mon oncle à se lever. Il se lève appuyé sur deux jeunes esclaves, et au même instant il tombe mort. J'imagine que cette épaisse vapeur arrêta sa respiration et le suffoqua. Il avait naturellement la poitrine faible, étroite et souvent haletante. »

La mort de Pline l'Ancien est un évènement survenu sur une plage du golfe de Naples durant une éruption volcanique du Vésuve restée célèbre, l'éruption de l'an 79, qui détruit de nombreuses localités de la Rome antique situées autour du volcan, notamment Pompéi et Herculanum.

Les circonstances de la mort du célèbre écrivain et naturaliste romain Pline l'Ancien, racontées a posteriori dans la correspondance de son neveu Pline le Jeune avec Tacite, présentent de nombreuses implications médicaleshistoriquesscientifiques ou littéraires.

Aussi, la mort de Pline est-elle devenue par la suite un motif récurrent de la culture occidentale, en particulier à la Renaissance, époque où elle est comprise comme une inspiration fondatrice pour l'étude des volcans et, plus généralement, pour la méthode scientifique. En peinture, par exemple, la scène a été représentée par Volaire en 1774, Angelica Kauffmann en 1785, Valenciennes en 1813 ou Forbin en 1817, entre autres.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a6/Plinio67_1888.jpg/220px-Plinio67_1888.jpg

Représentation de la mort de Pline l'Ancien pendant l'éruption du Vésuve en 79, parue dans Le Monde illustré en 1888.

L'éruption fut décrite par son neveu Pline le Jeune dont le nom est retenu en volcanologie ancienne pour décrire ce type d'éruption : on parle en effet d'« éruption plinienne ».

Le récit de ses dernières heures est relaté dans une intéressante lettre que Pline le Jeune adressa, 27 ans après les faits, à Tacite. Il envoya aussi, à un autre correspondant, un exposé sur les écrits et le mode de vie de son oncle (III, 5) :

« Il commençait à travailler bien avant l'aube… Il ne lisait rien sans en faire de résumé ; il disait même qu'il n'existait aucun livre, si mauvais soit-il, qui ne contienne quelque valeur. Au pays, seule l'heure du bain l'exemptait d'étudier. En voyage, lorsqu'il était déchargé d'autres obligations, il se consacrait uniquement à l'étude. En bref, il considérait comme perdu le temps qui n'était pas consacré à l'étude. »

Le seul fruit de son inlassable labeur qui subsiste de nos jours est sa Naturalis historia qui fut utilisée comme référence pendant de nombreux siècles par d'innombrables élèves.

Œuvres

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1c/Histoire_Naturelle_Pline_l_Ancien_mid_12th_century_Abbaye_de_Saint_Vincent_Le_Mans_France.jpg/220px-Histoire_Naturelle_Pline_l_Ancien_mid_12th_century_Abbaye_de_Saint_Vincent_Le_Mans_France.jpg

Histoire naturelle de Pline l'Ancien (manuscrit du milieu du xiie siècle, coll. de l'Abbaye de Saint-Vincent du Mans, France).

Pline le Jeune, dans une de ses lettres, cite toutes les œuvres de son oncle.

« Je suis très heureux que la lecture des livres de mon oncle vous passionne au point de vouloir les posséder tous et d'en réclamer la liste complète. Je remplirai le rôle de catalogue et même je vous indiquerai l'ordre de leur composition, car cette connaissance ne déplaît pas non plus aux curieux de lettres.

L'Art de lancer le javelot à cheval (en 1 livre) : il l'a composé avec autant de talent que de soin, lorsqu'il était aux armées comme commandant d'une aile de cavalerie.

La Vie de Pomponius Secundus (en 2 livres)19 : il en était particulièrement aimé ; il écrivit cet ouvrage comme pour s'acquitter d'une dette envers la mémoire de son ami.

Les Guerres de Germanie (en 20 livres) : il y a raconté toutes les guerres que nous avons soutenues contre les Germains. Il les commença pendant son service en Germanie ; un songe lui en donna l'idée ; pendant son sommeil il vit debout devant lui le fantôme de Drusus Néron, qui, après avoir soumis une grande partie de la Germanie, y mourut ; il lui recommandait de veiller sur sa mémoire et le priait de le sauver d'un injurieux oubli.

L'Homme de lettres (en 3 livres, divisés en 6 volumes à cause de leur étendue) : il y prend l'orateur au berceau et le conduit à sa perfection.

Les Difficultés de la grammaire (en 8 livres) : il l'écrivit pendant les dernières années du règne de Néron, quand tous les genres d'études un peu libres et un peu sérieuses eurent été rendues périlleux par la servitude.

La Suite d'Aufidius Bassus (en 31 livres).

L'Histoire naturelle (en 37 livres) : ouvrage étendu, savant, presque aussi varié que la nature elle-même.  »

Des ouvrages de Pline, un seul est arrivé jusqu'à nous, L'Histoire naturelle. L'auteur commence par exposer des notions sur le monde, la Terre, le Soleil, les planètes, et les propriétés remarquables des éléments. De là il passe à la description géographique des parties de la Terre connues des anciens. Après la géographie vient ce que nous appellerions l'histoire naturelle, à savoir l'histoire des animaux terrestres, des poissons, des insectes et des oiseaux.

La partie botanique qui suit est très considérable, d'autant plus que Pline introduit beaucoup de renseignements sur l'artisanat, comme la fabrication du vin et de l'huile, la culture des céréales, et différentes applications industrielles. ll s'intéressa ainsi à la fabrication du papyrus (XIII, 68-38) et des teintures de pourpre (IX, 130). Après la partie botanique, il revient aux animaux pour énumérer les remèdes qu'ils fournissent ; enfin il passe aux substances minérales, ce qui lui donne l'occasion de faire à la fois l'histoire des procédés d'extraction de ces substances, et celle de la peinture et de la sculpture chez les Anciens.

Cette monumentale encyclopédie, dans laquelle Pline a compilé le savoir de son époque, a longtemps été la référence en matière de connaissances scientifiques et techniques. Pour la réaliser, Pline dit avoir consulté 2 000 ouvrages dus à 500 auteurs différents. Selon son neveu Pline le Jeune, sa méthode de travail était de prendre des notes tandis qu'un de ses esclaves lui lisait un livre à haute voix.

Ses intérêts principaux

La philosophie

Comme beaucoup de gens cultivés du début de l'empire romain, Pline était adepte du stoïcisme. Il était lié avec son plus noble représentant, Publius Clodius Thrasea Paetus et subit aussi l'influence de Sénèque. Ce stoïcien qui s'adonnait à l'étude de la nature et dont la morale lui enseignait d'être agréable avec les autres, chercha sans cesse dans son œuvre littéraire à être bénéfique et à instruire ses contemporains (Praef. 16, XXVIII, 2 ; XXIX, I).

Il fut aussi influencé par l'épicurisme, l'académisme et la renaissante école pythagoricienne, mais sa vision de la nature et des dieux resta essentiellement stoïcienne. Selon lui, c'est la faiblesse de l'humanité qui enferme la déité sous des formes humaines entachées de fautes et de vices (II, 148). La divinité est réelle : c'est l'âme du monde éternel, dispensant sa bienfaisance tant sur terre que sur le soleil et les étoiles (II, 12 sqq., 154 sqq.). L'existence de la divine Providence est incertaine (II, 19) mais la croyance en son existence et à la punition des méfaits est salutaire (II, 26) ; et la récompense de la vertu consiste en l'élévation à la divinité de ceux qui ressemblaient à un dieu en faisant le bien pour l'humanité (II, 18, « Deus est mortali juvare mortalem, et haec ad aeternam gloriam via »). Il est mauvais de s'enquérir du futur et de violenter la nature en ayant recours aux arts de la magie (II, 114 ; XXX, 3) mais l'importance des prodiges et des présages n'est pas rejetée (II, 92, 199, 232).

La vision que Pline avait de la vie était sombre : il voyait la race humaine plongée dans la ruine et la misère (II, 24 ; VII, 130). Contre le luxe et la corruption morale, il se livre à des déclamations si fréquentes (comme celles de Sénèque) qu'elles peuvent lasser le lecteur.

Avec la fierté nationale d'un Romain, il combina l'admiration des vertus qui menèrent la république à sa grandeur (XVI, 14 ; XXVII, 3 ; XXXVII, 201). Il n'éluda pas les faits historiques défavorables à Rome (XXXIV, 139) et, bien qu'il honorât les membres éminents des maisons romaines distinguées, il était libre de la partialité indue de Tite-Live pour l'aristocratie. Les classes agricoles et les anciens héros de la classe équestre (CincinnatusCurius DentatusSerranus et Caton l'Ancien) étaient pour lui les piliers de l'État et il se lamentait amèrement du déclin de l'agriculture en Italie (XVIII, 21 et 35, « latifundia perdidere Italiam »). De même, pour l'histoire des débuts de Rome, il préféra suivre les auteurs pré-augustéens ; cependant il vit le pouvoir impérial comme indispensable au gouvernement de l'Empire et il salua le "salutaire avènement" de Vespasien (XXXIII, 51).

Littérature et science

À la fin de ses longs travaux littéraires, en tant que seul Romain à avoir choisi comme thème l'entièreté du monde de la nature, il implora la bénédiction de la Mère universelle sur tout son travail [référence ?].

En littérature, il attribua la plus haute place à Homère et à Cicéron (XVII, 37 sqq.), en second lieu Virgile. Il fut influencé par les recherches du roi Juba II de Maurétanie et qu'il appelait « mon Maître ».

Il voua un profond intérêt à la nature et aux sciences naturelles, l’étudiant d'une manière nouvelle pour cette époque dans le monde romain. Malgré le peu d'estime que l'on portait pour ce genre d'études, il s'efforça toujours d'être au service de ses concitoyens (XXII, 15).

L'envergure de son œuvre est vaste et couvre tous les domaines, une encyclopédie de toutes les connaissances et les arts tant qu'ils sont liés à la nature ou qu'ils en tirent leurs matériaux. Dans ce but, il étudia tous ceux qui faisaient autorité dans chacun de ces sujets et ne manqua pas de les citer. Ses indices auctorum (index d'auteurs) sont, livrent dans certains cas les autorités qu'il a lui-même consultées (mais pas de manière exhaustive) ; parfois ces noms sont ceux des auteurs principaux sur le sujet qui ne sont connus que de seconde main. Pline n'hésite pas à rendre hommage à tous ses prédécesseurs (Praef. 16, « plenum ingeni pudoris fateri per quos profeceris »). Mais son savoir reste livresque : il n'eut pas le tempérament ou le loisir d'enquêter lui-même sur le terrain (sauf pour la botanique, voir ci-dessous). À noter sa conviction de la rotondité de la Terre, encore peu partagée à cette époque et sa description précise des marées, avec une esquisse d'explication par les phases de la Lune.

Sa curiosité scientifique pour les phénomènes de l'éruption du Vésuve mena à une fin prématurée sa vie d'étude infatigable. Il avait écrit dans sa préface : « nec dubitamus multa esse quae et nos praeterierint ; homines enim sumus et occupati officiis ». Préface, 13 : Je ne doute pas que beaucoup de choses m'ont échappé, mais je suis un homme, occupé par les affaires publiques.

Au plan littéraire, son style trahit l'influence de Sénèque. Il vise moins à la clarté qu'à l'épigramme. Il est plein d'antithèses, de questions, d'exclamations, de tropes, de métaphores, et d'autres figures du maniérisme de l'âge d'argent de la littérature romaine (les deux premiers siècles de notre ère). La forme rythmique et artistique de la phrase est sacrifiée à une passion pour l'emphase qui enchante (???) par le report de l'argument vers la fin. La structure de la phrase est aussi souvent erratique et décousue. Mais sa description du chant du rossignol est un exemple de la splendeur de sa prose.

L'art

La plupart des études récentes sur Pline se concentrent sur l'étude de ses domaines d'expertise, spécialement ceux présentés dans ses parties sur l'histoire de l'art (les livres XXXIII à XXXVII) - le plus ancien exposé sur ce sujet ayant survécu. Ses sources sont les traités perdus sur la sculpture en bronze et sur la peinture du sculpteur Xénocrate d'Athènes (iiie siècle av. J.-C.) et l'érudit romain Varron (Ier siècle av. J.-C.).

Les anecdotes de Pline l'Ancien concernant les artistes grecs inspireront à Vasari les sujets des fresques qui décorent encore les murs de son ancienne maison à Arezzo.

La botanique : livres XII à XXVII

Dans 16 des livres de l'Histoire naturelle, Pline tente de réunir toutes les connaissances de son temps sur les végétaux. Non seulement il rassemble toutes les informations botaniques disponibles dans les ouvrages auxquels il avait accès, mais il mène aussi des enquêtes auprès des médecins, des herboristes, des gens de la campagne et fait par lui-même des observations sur le terrain. De cette large collecte, il tire un inventaire de la plus grande partie des plantes connues et nommées de son temps, soit environ 900 végétaux, le double de ce qu'avait listé Théophraste, quatre siècles plus tôt. Il donne sur chaque plante des informations de nature botanique, mais précise aussi leurs utilisations agricoles, alimentaires, pharmaceutiques ou magiques. En général, il rapporte ces informations comme des « on dit », sans porter de jugement de valeur et sans que nous puissions toujours savoir ce que lui-même en pensait.

Pour Ducourthial, « En dépit de leurs défauts et des erreurs qu'ils contiennent, les seize livres de l'Histoire naturelle que Pline a consacrés à l'étude des plantes constituent sans nul doute l'ouvrage le plus complet sur le sujet que l'Antiquité nous ait légué. Ils sont une mine inestimable de renseignements sur les connaissances botaniques au ier siècle de notre ère ainsi que sur les croyances populaires attachées à la cueillette de nombreux végétaux et à leurs propriétés ».

La gastronomie et le vin, livre XIV

Pline est aussi une mine inépuisable de renseignements sur les habitudes alimentaires des Romains et la viticulture. « Après Columelle, Pline est de tous les auteurs latins celui auquel nous devons le plus de données sur les différentes espèces de vignes et de vins connus des Anciens. Le livre XIV de l'Histoire Naturelle est consacré à ce thème : 22 chapitres qui en traitent dans les moindres détails, depuis les différentes espèces de vignes, la nature du sol, le rôle du climat, le vin en général, les différents vins d'Italie et d'outre-mer connus depuis les temps les plus reculés, jusqu'à l'énumération des plus célèbres ivrognes de la Grèce et de Rome »25. Il fournit également des renseignements précieux sur les plantes odorantes, les arbres fruitiers, le blé, l'agriculture, le jardinage, les plantes médicinales, les viandes, poissons, gibiers, l'apiculture, la boulangerie, les légumes.

Date de dernière mise à jour : 13/08/2023

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam