LENTIQUE

 L'adjectif lentique désigne un biotope et les êtres vivants propres aux écosystèmes d'eaux calmes à renouvellement lent (lacsmarécagesétangsmares, etc.), par opposition aux milieux d'eaux courantes qui correspondent aux écosystèmes lotiques. Synonyme de lentique : lénitique.

Les systèmes lentiques prennent des formes très diverses, allant d'une petite flaque temporaire de quelques centimètres de profondeur jusqu'au lac Baïkal dont la profondeur maximale est 1 740 m. La distinction entre une flaque, une mare ou un lac est vague, cependant Brown statue que dans une mare l'intégralité du fond est exposé à la lumière ce qui n'est pas le cas d'un lac. De plus, la stratification saisonnière de la température de l'eau est le propre des lacs. Les mares et flaques ont deux régions : les eaux pélagiques et la zone benthique. Les lacs ont une troisième zone, les profondeurs, qui correspond aux fonds profonds non exposés à la lumière. Ces trois zones ont des conditions abiotiques très différentes et donc supportent des espèces différentes adaptées spécifiquement à ces zones.

Dans un système lentique, une pollution de l'eau peut avoir des effets très différents de ce qu'elle aurait dans un cours d'eau, en raison du fait que le polluant et/ou contaminant s'y diluent moins et plus lentement, et à des échelles spatiales généralement plus petites. Les phénomènes de sédimentation sont plus intenses, jouant parfois un rôle de puits de carbone.

Les poissons et nutriments y ont également des rôles différents.

Facteurs écologiques

L'eau absorbe le rouge beaucoup plus rapidement que le bleu donnant cette couleur à l'eau.

Certaines espèces-ingénieurs tels les castors eurasien et nord-américain se montrent capables, par la construction de barrages, de produire et d'entretenir des successions de milieux lentiques très productifs en termes de production de biomasse, grâce à leur ensoleillement et à la présence de l'eau. Ces espèces font l'objet de programmes de réintroduction dans de nombreux pays, notamment pour cette capacité à restaurer, protéger et gérer des zones humides ouvertes et ensoleillées.

Des systèmes lentiques provisoires peuvent localement se former à l'étiage, même dans de grands fleuves (par exemple la Loire en France).

Lumière

À cause de l'absorption de l'eau, la quantité de lumière reçue diminue exponentiellement avec la profondeur. L'intensité d'absorption dépend principalement de la longueur d'onde et de la turbidité. Elle conditionne l'activité photosynthétique du phytoplancton.

Température

L'établissement de la température d'une couche d'eau est un phénomène complexe impliquant :

  • Un bilan radiatif.
  • Des échanges de chaleur avec l'atmosphère soit par conduction directe, soit par évaporation ou condensation. Le refroidissement à la surface d'une eau libre est dans les conditions usuelles 5 à 10 fois plus importantes par évaporation que par conduction. Le vent joue alors un rôle majeur en renouvelant la surface de contact entre l'eau liquide et l'atmosphère.
  • Une conduction moléculaire au sein de la masse d'eau toujours très lente mais accélérée par les mélanges turbulents.

Un échauffement en surface se traduit par une stratification de la masse d'eau. On distingue alors deux zones de température :

  • La couche supérieure de la colonne d'eau ou épilimnion. La température est homogène grâce aux turbulences provoquées par le vent. À sa base la température diminue rapidement c'est la thermocline provoquant une augmentation rapide de densité dite pynocline.
  • La couche inférieure ou hypolimnion qui n'existe que dans les lacs. La température est stratifiée avec un gradient de température montant. Le fond des lacs d'eau douce est à +4 °C car cette température correspond au maximum de densité.

Lorsque le vent est fort il peut briser la thermocline ce qui revient généralement à la repousser plus profondément.
Au contraire un refroidissement fait plonger l'eau de surface plus dense car plus froide et homogénéise la température de la colonne d'eau. Ces variations peuvent avoir un caractère saisonnier. Un lac est dit polymictiquemonomictique ou amictique selon qu'il a respectivement plusieurs, une seule ou aucune alternance stratification/déstratification annuelle.

Sels minéraux

Lorsque la masse d'eau est stratifiée la diffusion verticale de sels minéraux est très lente. À chaque déstratification de la colonne d'eau, des sels nutritifs sont réinjectés dans la couche supérieure, seule zone d'activité photosynthétique. Ainsi dans les lacs tempérés les sels minéraux réinjectés par le brassage des fortes tempêtes d'automne et d'hiver provoquent un bloom printanier à l'arrivée des beaux jours. En été l'activité photosynthétique est ralentie par l'épuisement des sels minéraux non renouvelé à cause de la stratification de l'eau.

Le brassage peut aussi être effectué par l'activité animale. Certaines espèces comme Mysis relicta, un petit crustacé à l'allure de crevette, effectuent des migrations verticales quotidiennes, remontant en surface des éléments biogènes.

Gaz dissous

  • Oxygène. On n'en trouve jamais de forte concentration dans les eaux continentales ou marines car sa solubilité est assez faible. Contrairement à l’écosystème lotique où l'importance du brassage de l'eau assure une grande quantité d'oxygène, le calme des eaux lentiques fait qu'il peut représenter un facteur limitant pour nombre d'espèces.
  • CO2. Il se dissout facilement dans l'eau et ne représente jamais un facteur limitant. Il conditionne en revanche le pH de l'eau. Dans un lac amictique il peut s'accumuler et provoquer des éruptions limnique.
  • N2

 

 

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